Paroles de bienvenue Discours prononcé à l'occasion de l'investiture solennelle du Président de la Bundesbank

Chère Madame la Présidente Lagarde,
Cher Monsieur le Ministre Lindner,
cher Jens Weidmann,
cher Joachim Nagel,
cher Monsieur Supplitt,
Mesdames, Messieurs,

Au nom du Directoire de la Deutsche Bundesbank, je vous souhaite la bienvenue à cette cérémonie de prise de fonction.

Presque tous les invités participent de manière virtuelle – c’est la première fois que nous retransmettons une cérémonie de prise de fonction également en direct sur Internet. Bienvenue à tous !

Après un peu plus de dix ans se termine aujourd’hui une ère : l’ère de la Bundesbank sous ta direction, cher Jens. Tu représentes pour beaucoup de personnes l’image de la Bundesbank. Les débats de politique monétaire des dernières années sont étroitement liés à ton nom. Seuls deux présidents ont été en poste plus longtemps que toi – certes, uniquement un peu. Cela offre la possibilité de regarder en arrière sur la décennie passée, mais aussi de porter notre regard en avant sur les défis que nous devons affronter.

L'économie et la société se trouvent à maints égards à un tournant – cela nécessite stabilité et confiance.

  • Nous sommes confrontés à un important changement structurel de l’économie, déclenché par le changement climatique et d’autres tendances globales comme la numérisation.
  • La numérisation accélèrera aussi le changement structurel dans le secteur financier – des changements dans les opérations de paiement n’étant qu’un exemple éminent.
  • Les banques centrales doivent gérer une hausse de l’endettement à l’échelle mondiale ainsi que des taux d'inflation actuellement élevés.
  • Et elles doivent accompagner la transition vers une économie climatiquement neutre.

Les banques centrales contribuent de manière essentielle à surmonter les défis sociétaux. Elles assurent la stabilité des monnaies et des marchés financiers, la stabilité monétaire et la stabilité financière étant les deux faces d’une même pièce. Nous devons les garantir sur le plan européen. C’est pourquoi d’importantes décisions stratégiques ont été prises en 2021 au sein de l’Eurosystème, auxquelles la Bundesbank a apporté une contribution majeure.

Un message de ta présidence, cher Jens, est la suivante : un cadre institutionnel robuste crée un climat de confiance. Il définit les lignes directrices nécessaires dans un environnement qui évolue rapidement. Il aide à placer des décisions politiques à court terme dans un contexte à plus long terme. La culture de stabilité et l’indépendance constituent les deux piliers de ce cadre, et elles ont toujours été la maxime de tes actions. Pour assurer la stabilité des prix, une banque centrale doit pouvoir agir de manière indépendante :

  • indépendante d’une pression politique de tenir compte de la situation budgétaire actuelle;
  • mais aussi indépendante de la pression des marchés financiers de préserver des conditions de financement favorables, alors que cela n’est plus indiqué pour assurer la stabilité des prix.

Lorsqu’on regarde en arrière sur le chemin que tu as parcouru, on peut dire, avec du recul, que tu t’es dirigé depuis ta thèse de doctorat avec détermination vers la fonction de présidence de la Bundesbank – en ayant occupé des postes

  • auprès du Conseil d'experts pour l'appréciation de l'évolution économique générale,
  • au Fonds monétaire international,
  • à la direction générale Macroéconomie de la Bundesbank et 
  • à la chancellerie fédérale en tant que conseiller de politique économique de la chancelière Merkel.

Lors de ta prise de fonction, en 2011, tu étais donc parfaitement préparé à tes nouvelles tâches, et tu connaissais bien la Banque. Tu savais quelles décisions stratégiques la rendrait parée pour l’avenir. En effet, même si les lignes directrices institutionnelles sont fixées, les défis tout au long du parcours doivent être bien gérés.

Surtout la crise financière mondiale et la crise de la dette en Europe ont marqué ton mandat. L'Europe est sortie institutionnellement renforcée des deux crises – et la Bundesbank y a fortement contribué. Être un partenaire fiable au sein de l'Eurosystème est le principe fondamental de notre travail commun.

Car la Bundesbank est une partie intégrante de l’Eurosystème. Je voudrais souligner trois exemples d’une intégration européenne réussie :

  • au cours de ton mandat, le mécanisme de surveillance unique a été établi en tant que partie de l’Union bancaire.
  • Le Comité européen du risque systémique coordonne désormais depuis dix ans la politique de stabilité financière en Europe.
  • Et actuellement, nous nous trouvons avec « l’euro numérique » au seuil d’un autre projet européen d’envergure.

Par ailleurs, la Bundesbank joue, depuis 2014, un rôle important dans la préservation de la stabilité financière. Il est évident que des marchés financiers opérationnels et stables étaient toujours importants pour la Banque. Mais la Loi sur la stabilité financière a créé un nouveau cadre.

La Banque ne peut bien remplir toutes ces tâches que si elle est bien organisée au niveau interne. Nous avons beaucoup atteint au cours des dernières années avec un processus stratégique clair et une nouvelle culture d’ouverture. Sous ton égide ont été élaborés pour la première fois des principes de gestion et une ligne directrice explicite. La journée portes ouvertes que tu as instaurée, cher Jens, a rendu la Banque pour des dizaines de milliers de visiteurs plus transparente et plus accessible. Tu as également attaché beaucoup d’importance au nouveau format événementiel Euro20+ qui sert de lien avec la jeune génération.

Tu nous lègue donc une institution bien parée pour relever les défis du futur. Pour cela, je voudrais t’adresser mes remerciements chaleureux au nom de tous les collègues, au nom du Directoire, tout comme mes remerciements personnels pour l’excellente coopération. Nos meilleurs vœux pour l’avenir !

En même temps, nous nous réjouissons tous que la Banque continue à être dirigée par un collègue très apprécié et expérimenté. Nombreux sont ceux au sein de la Banque qui connaissent encore très bien Joachim Nagel : tu as déjà travaillé à la Banque dans les années 1999 à 2016 – à pratiquement tous les niveaux, finalement six ans en tant que membre du Directoire, au sein duquel nous avons toujours collaboré très étroitement et en toute confiance. Pendant quelques années, tu as été responsable de la direction générale Marchés et, en tant que membre du Directoire, des directions générales Contrôle et Informatique. On peut donc affirmer à juste titre : tu connais la Banque !

Toi aussi, cher Joachim, tu es parfaitement préparé à la tâche de président. Nous allons beaucoup profiter des expériences supplémentaires que tu as pu acquérir au cours des dernières années à l’extérieur de la Bundesbank en tant que membre du Directoire de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW) et dans une fonction de direction auprès de la Banque des Règlements internationaux. Tu as toujours attaché une grande importance au lien avec le domaine académique. Tu as fréquemment enseigné à Karlsruhe où tu as obtenu ton doctorat.

Tu as aussi montré lors de la crise financière mondiale, alors que tu étais responsable de la direction générale Marchés, que tu étais un bon gestionnaire de crises. Souvent, il était nécessaire de prendre des décisions rapides et difficiles. Nous espérons fortement de n’avoir pas trop souvent besoin de ces capacités particulières au cours des prochaines années !

De nombreuses tâches nous attendront dans le futur. Nous devons constamment expliquer le rôle de la Bundesbank et, le cas échéant, justifier des décisions difficiles. Nous allons surmonter ces tâches ensemble à la Banque. La Banque – ce sont 10 000 agents qui s’engagent au quotidien pour le bien commun et la réalisation de nos tâches.

Au nom de tous les collègues, je peux donc dire : bienvenue pour ton retour - nous nous réjouissons de travailler avec toi, cher Joachim !

Je voudrais maintenant vous céder la parole, cher Monsieur le Ministre fédéral des Finances. Cher Monsieur Lindner, nous sommes heureux de votre présence aujourd'hui et attendons avec intérêt votre discours.