Weidmann en faveur de règles communes en matière de réglementation des FinTechs

Lors d'une conférence tenue dans le cadre de la présidence allemande du Groupe des vingt (G20) au château de Biebrich à Wiesbaden, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, s'est prononcé en faveur d'une réglementation commune des jeunes entreprises de technologie financières (FinTechs). Dans le monde de la finance, les FinTechs proposent de nouveaux modèles d'affaires et des solutions numériques, telles que des applications pour smartphone, et font concurrence aux banques traditionnelles. Du point de vue du président de la Bundesbank, elles ont ainsi le potentiel de fondamentalement modifier le marché des services financiers.

Dans de nombreux pays, les jeunes pousses ont toutefois une liberté d'action plus importante que les prestataires traditionnels de services financiers. Selon l'avis de M. Weidmann, les régulateurs et les banques centrales doivent réagir face à cette situation. "Notre objectif est de développer une série de critères communs pour le traitement réglementaire des FinTechs", a déclaré M. Weidmann. Les FinTechs ne devraient pas construire leurs modèles d'affaires sur des lacunes réglementaires, a-t-il poursuivi en avertissant que le fait d'attirer des entreprises par une réglementation trop laxiste constituait une erreur qui avait déjà été commise en amont de la dernière crise financière. "Se faire une image plus claire des activités des entreprises FinTech est indispensable si nous voulons mieux comprendre si et, le cas échéant, de quelle manière elles pourraient constituer une menace pour la stabilité financière", a-t-il indiqué.

Dans le cadre de la conférence, le président de la Bundesbank a également souligné l'importance d'un commerce mondial libre. Des coopérations internationales et des marchés ouverts présentent des avantages pour tous les pays et tous les peuples, a-t-il ajouté. "Il est essentiel pour notre politique d'offrir de nouvelles chances à tous les membres de nos sociétés", a poursuivi M. Weidmann. "N'oublions pas cela."

Les avantages plus grands que les risques

Mark Carney, le gouverneur de la Bank of England, a attiré l'attention sur les avantages que présentent les nouvelles technologies dans le domaine financier. Afin par exemple d'offrir à leurs clients de nouvelles possibilités sur Internet, de nombreuses banques traditionnelles coopèrent déjà avec les nouvelles entreprises FinTech. Cela pourrait mener à ce que les banques travaillent de manière plus efficace et à moindre coûts, a indiqué M. Carney. À son avis, les décideurs politiques doivent toutefois veiller à ce que les avantages de ces technologies soient plus grands que les risques. Le Conseil de stabilité financière (CSF), dont M. Carney est le président, examine actuellement la question de savoir si des règles de surveillance actuelles sont applicables aux risques liés aux FinTechs.

Les chances de la numérisation

Outre les défis en rapport avec les FinTechs, les participants à la conférence du G20 ont également discuté des chances et des risques liés à la numérisation croissante du secteur financier en général. Dans ce contexte, le ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble, a évoqué les avantages que présentent les possibilités de financement numériques pour les régions africaines dans lesquelles les populations n'ont pas encore accès à des services financiers. Pour saisir les nouvelles opportunités, l'on ne devrait pas trop se laisser guider par les risques. Il a toutefois également plaidé en faveur du développement de règles concurrentielles uniformes pour le monde numérique. "Tout monde libre a besoin de règles", a indiqué M. Schäuble.

La reine Máxima des Pays-Bas a souligné que des services financiers n'étaient toujours pas accessibles à tous, malgré les nouvelles possibilités offertes par le numérique. Même aux États-Unis et en Europe, il existe encore des millions de personnes dépourvues d'accès au système financier, a expliqué Máxima. Selon elle, ces personnes ont des difficultés à contracter une assurance adéquate ou un crédit. "De 2011 à 2014, nous avons réussi à ce que 700 millions de personnes supplémentaires peuvent profiter des services financiers. Mais deux milliards demeurent sans accès", a déclaré Máxima en sa qualité d'ambassadrice spéciale des Nations-Unies en faveur de la finance inclusive pour le développement.

Le ministre fédéral de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a évoqué un inconvénient de la numérisation croissante dans le domaine financier. Étant donné que les logiciels malveillants deviennent de plus en plus intelligents, la vulnérabilité numérique augmente, a-t-il déclaré et appelé à investir dans la cybersécurité. En évitant ainsi des dommages, il est possible de maintenir la confiance. "Les clients doivent avoir confiance que leur argent est sûr", a indiqué M. de Maizière.

La conférence dans le cadre de la présidence allemande du G20 s'est tenue sous le titre "Digitising Finance, Financial Inclusion and Financial Literacy". Ce groupement informel du G20, qui se compose des 19 principaux pays industrialisés et émergents ainsi que de l'Union européenne, est le plus important forum de coopération informelle à l'échelle internationale.