Weidmann : Développer des marchés obligataires locaux en Afrique

Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, s’est prononcé en faveur du développement de marchés obligataires locaux dans les pays africains. « Der marchés du crédit nationaux constituent la principale voie pour promouvoir des investissements du secteur privé », a-t-il déclaré à l’occasion de la conférence « G20 Africa Partnership » à Berlin. Cette manifestation fait partie du partenariat d’investissement « Compact with Africa » lancé sous la présidence allemande du G20.

Du point de vue du président de la Bundesbank, il est particulièrement utile de recueillir des capitaux libellés dans la monnaie nationale afin de ne pas compromettre les investissements par des fluctuations de change. « L’existence d’un tel marché pour des emprunts obligataires libellés en monnaie nationale souligne également la crédibilité de la monnaie domestique », a déclaré M. Weidmann, en précisant que de tels marchés étaient déjà relativement bien développés en Afrique du Sud, en Égypte et au Nigéria.

« Je suis persuadé que d’autres pays africains pourraient profiter de l’expérience de ces trois pays », a-t-il poursuivi. Selon lui, des marchés obligataires en monnaie nationale ont encore un autre effet positif. Ainsi, en Afrique du Sud, par exemple, un marché d’emprunts d’État important et liquide aurait limité l’endettement en monnaie étrangère, même en période de déficits élevés dans la balance des transactions courantes.

Influence de la digitalisation

Pour M. Weidmann, les technologies digitales revêtent elles aussi une grande importance. Celles-ci pourraient soutenir le développement de marchés obligataires locaux et, en plus, servir de force motrice pour l’inclusion financière dans les pays en voie de développement. Selon lui, la disponibilité croissante de téléphones mobiles, qui a permis, surtout au sud du Sahara, l’essor des comptes mobiles, joue également un rôle important. Dans certains pays, le nombre des adultes détenant un tel compte mobile dépasse déjà celui des détenteurs d’un compte bancaire traditionnel. « Dans le domaine de la digitalisation des opérations financières, le G20 pourrait également apprendre certaines choses de l’Afrique », a déclaré M. Weidmann. 

Une bonne infrastructure est indispensable 

M. Weidmann a en outre souligné dans son discours l’importance de l’infrastructure en tant qu’épine dorsale d’une économie florissante. « Les services en matière de transports et d’énergie constituent des artères indispensables qui pompent le sang de l’économie vers les veines du secteur privé », a-t-il déclaré, en ajoutant qu’une infrastructure opérationnelle augmentait la rentabilité des investissements privés. 

Selon M. Weidmann, le partenariat « Compact with Africa » attache une grande importance à créer un environnement macro-économique stable, des systèmes juridiques fiables ainsi que des cadres de réglementation et de surveillance appropriés, en précisant toutefois qu’il n’y avait pas de solution universelle. « Chaque pays doit façonner cette orientation fondamentale selon ses besoins individuels », a poursuivi le président de la Bundesbank.

D’après M. Weidmann, le partenariat d’investissement « Compact with Africa » joue un rôle d’amplificateur. « Les pays africains qui participent à ce partenariat émettent ainsi un signal qu’ils souhaitent mobiliser des investissements et qu’ils sont prêts à transposer des réformes nécessaires », a-t-il indiqué. « Le G20 amplifie ce signal en le rendant plus audible et plus crédible ».