Conférence de presse sur le Rapport sur la stabilité financière 2020 ©Frank Rumpenhorst

Rapport sur la stabilité financière : le système financier allemand s'est révélé stable

Au cours du premier semestre 2020, la pandémie mondiale de coronavirus a entraîné le plus grave ralentissement économique en Allemagne depuis des décennies. Dans le monde entier, les gouvernements et les banques centrales ont pris des mesures importantes pour stabiliser l'économie, le marché du travail et les marchés financiers. « Le système financier allemand s'est révélé stable. Jusqu'à présent, il a rempli ses fonctions centrales durant la pandémie de coronavirus », a déclaré Claudia Buch, vice-présidente de la Deutsche Bundesbank, à l'occasion de la conférence de presse virtuelle sur la présentation du nouveau rapport de la Bundesbank sur la stabilité financière. Les faillites dans le secteur des entreprises devraient se multiplier au cours de la période de pandémie. Selon Mme Buch, cela nécessiterait une préparation adéquate. Afin de réduire les effets sur les octrois de crédits, les banques devraient utiliser leurs volants de fonds propres. Les réformes décidées à la suite de la crise financière mondiale auraient porté leurs fruits : les banques seraient mieux capitalisées, disposeraient de volants de fonds propres supplémentaires et pourraient les utiliser de manière plus flexible. A l'avenir, il s'agirait de limiter les vulnérabilités existantes, a déclaré la vice-présidente de la Bundesbank.

Une crise de liquidités a été évitée

Au printemps, la production et les revenus de nombreuses entreprises ont fortement diminué. Cependant, les engagements financiers n'ont pas baissé dans la même mesure, de sorte que les besoins de liquidités ont considérablement augmenté dans de nombreux secteurs. Le secteur des entreprises était menacé par une crise de liquidités qui a cependant été évitée notamment grâce aux nombreuses mesures gouvernementales. 

Jusqu'à présent, la crise de coronavirus n'a guère conduit à des corrections de valeur plus élevées dans les bilans des banques. « Les banques fonctionnent et les octrois de crédits sont assurés. Le système bancaire remplit ainsi actuellement son rôle central », a déclaré Joachim Wuermeling, membre du directoire de la Bundesbank, chargé de la surveillance bancaire. « À présent, il est important que les banques continuent à remplir leur mission : distinguer les bons des mauvais risques – et effectivement accorder des crédits à des emprunteurs fiables. » 

Se préparer à une augmentation des faillites d'entreprises

Jusqu'à présent, les traces de la crise ne se manifestent pas par une augmentation du nombre de faillites dans le secteur des entreprises. Cela est entre autres dû à des mesures et des réglementations spéciales de l’État liées à la crise, notamment la suspension temporaire de l'obligation de déposer une demande d'insolvabilité. À l'avenir, le nombre de faillites et d’entreprises qui cessent leurs activités devrait cependant augmenter. Si ces ajustements sont similaires à ceux du passé, cela devrait être gérable pour les banques, peut-on lire dans le rapport sur la stabilité financière. 

Bien sûr, des scénarios peuvent également se présenter dans lesquels les faillites et les défaillances de crédits y associées augmentent plus fort que prévu. Cela aurait pour effet de peser sur les ratios de fonds propres des banques. Les banques pourraient alors restreindre les octrois de crédits afin de respecter les ratios de fonds propres exigés par le marché et la surveillance. Cela freinerait la reprise économique ou aggraverait un ralentissement de l'économie. « Les banques devraient utiliser leurs volants de fonds propres existants pour continuer à accorder des crédits de manière appropriée », a déclaré Mme Buch. Les volants auraient été constitués de manière préventive en période de conjoncture favorable pour être utilisés en temps de crise. Cette marge de manœuvre aurait été créée par les réformes prudentielles mises en œuvre depuis la crise financière mondiale. 

Pour les banques, la politique et les administrations publiques, la clé d'une bonne préparation à l'augmentation du nombre de faillites est de créer des capacités administratives suffisantes, de fournir du personnel expérimenté et d'examiner la simplification des procédures d'insolvabilité.

Permettre des mutations structurelles et limiter les vulnérabilités

Un système financier fonctionnant sera essentiel en ce qui concerne les mutations structurelles à venir. Avec le temps, les futures structures économiques deviendront progressivement visibles. « Contrairement à la crise financière mondiale, il ne s’agit pas de réparer le système financier, mais de permettre des ajustements dans l’économie réelle à l'aide du système financier », a souligné Mme Buch. Cela nécessiterait des banques solides et des marchés obligataires qui fonctionnent, mais aussi le financement de l'innovation et des investissements par des fonds propres.

La pandémie accroît les sources de vulnérabilité existantes dans le système financier. L'endettement des secteurs privé et public a augmenté, les taux d'intérêt bas favorisent une recherche de rendement et une sous-estimation du risque de crédit. « Le système financier doit être suffisamment robuste pour faire face aux évolutions négatives. Le programme de réforme des dix dernières années devrait être poursuivi systématiquement », a demandé Mme Buch. Par ailleurs, grâce aux réformes, de meilleurs instruments seraient disponibles aujourd'hui pour gérer les difficultés des banques. Durant la crise, la flexibilité prudentielle qui existe déjà aurait été utilisée temporairement. Mais cela ne signifierait toutefois pas que les exigences en matière de résilience du système financier devraient être réduites durablement.