Port de Hambourg au crépuscule ©robertdering / AdobeStock

Rapport mensuel : Les signes précurseurs d’une récession se multiplient

Les experts de la Bundesbank perçoivent de plus en plus de signes que l'économie allemande entre en récession. Par cela, ils entendent un recul marqué, généralisé et persistant de la performance économique. Le produit intérieur brut réel (PIB) devrait légèrement reculer dans le trimestre courant et enregistrer une baisse sensible au cours du semestre d’hiver, peut-on lire dans le Rapport mensuel actuel de la Bundesbank. Selon les experts, cette baisse est principalement imputable à la situation extrêmement tendue dans le domaine de l’approvisionnement en énergie résultant de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. « L’inflation élevée et l’incertitude en ce qui concerne l’alimentation en énergie et son coût altèrent non seulement l’industrie à forte intensité de gaz et d’électricité ainsi que ses exportations et investissements, mais aussi la consommation privée et les prestataires de services qui en dépendent », écrivent les experts.

Situation tendue dans le domaine de l’alimentation en gaz

La Bundesbank s’attend à ce que la situation dans le domaine de l’alimentation en gaz restera extrêmement tendue au cours des prochains mois. Un rationnement formel du gaz pourrait cependant, du point de vue actuel, encore être évité de justesse grâce à l’augmentation des livraisons en provenance d’autres pays et des progrès réalisés en matière d’économies et de stockage de gaz, écrivent les experts. « Cela nécessite toutefois une nouvelle réduction importante de la consommation de gaz – notamment des ménages. »

Pour le quatrième trimestre de cette année et également pour le premier trimestre de l’année prochaine, les économistes prévoient un recul sensible de la performance économique. Les perspectives seraient toutefois très incertaines.

Baisse de la production industrielle

Les coûts élevés de l’énergie auraient pesé sur les secteurs à forte intensité énergétique, écrivent les experts dans le Rapport mensuel. Ainsi, la production de l’industrie chimique aurait considérablement reculé. La fabrication de biens de consommation aurait également nettement diminué, affectant surtout les producteurs de meubles et l’industrie pharmaceutique. Les entrées de commandes dans l’industrie auraient continué de baisser en juillet en raison du fléchissement de la demande intérieure.

Malgré un important recul de la demande, le domaine de la construction se serait encore montré robuste et aurait affiché une hausse de la production de 1,5 pour cent par rapport au mois précédent. En même temps, la Bundesbank perçoit des signes précurseurs d’une détérioration dans ce secteur. La production dans le secteur principal de la construction aurait sensiblement diminué et l’augmentation massive des coûts et prix de construction ainsi que les coûts de financement plus élevés auraient fortement freiné la demande.

Le marché du travail résiste

Malgré la détérioration des perspectives conjoncturelles, le marché du travail continue, selon la Bundesbank, à résister. L’emploi aurait modérément augmenté en juillet. Cela serait principalement dû au fait que des postes assujettis à la sécurité sociale ont été pourvus. En même temps, le taux de chômage aurait légèrement augmenté de 0,1 point de pourcentage à 5,5 pour cent. Cette hausse serait due à la comptabilisation depuis juin des réfugiés ukrainiens dans le système de sécurité sociale allemand. Les experts prévoient que le taux de chômage progressera encore au cours des prochains mois.

Nouvelle hausse du taux d’inflation

Le taux d'inflation, mesuré par l’indice des prix à la consommation harmonisé, aurait augmenté en août par rapport à l’année précédente à 8,8 pour cent et aurait donc été de 0,3 point de pourcentage supérieur au taux de juillet. Cette évolution serait surtout due aux hausses des prix des produits alimentaires non transformés. La forte dynamique des prix se serait également poursuivie en ce qui concerne les produits alimentaires transformés, les biens industriels et les services, écrivent les experts.

Avec l’expiration du billet de transports publics à 9 euros et de la remise sur les prix du carburant, au 1er septembre 2022, le prix de l’essence et du gazole aurait fait un bond. Cela entraînerait dans le mois courant de nouvelles hausses des prix de l’énergie et des services et une augmentation correspondante du taux d'inflation, écrivent les économistes. « Les mesures annoncées dans le cadre du troisième paquet d’aide, en ce qui concerne par exemple la redevance sur le gaz ou le plafonnement des prix de l’électricité, ne se feront en revanche ressentir qu’à partir du début de l’année prochaine. En conclusion, le taux d'inflation devrait évoluer dans les prochains mois à une valeur à deux chiffres. »