Les gouverneurs de banque centrale et les ministres des Finances des pays du G7 ©Xander Heinl/photothek.de

Mêmes risques, mêmes règles

Les gouverneurs de banque centrale et les ministres des Finances des pays du G7 veulent agir en commun pour que ce qu’on appelle les « stablecoins », tels que le Libra, ne puissent contourner les réglementations existantes. C’est ce qu’ont souligné d’un commun accord le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, et le ministre fédéral des Finances, Olaf Scholz, à la clôture de la réunion du G7 qui s’est tenue en France, à Chantilly. « Le principe « mêmes risques, mêmes règles » doit s’appliquer, afin que de nouvelles zones d’ombre ne puissent s’établir dans le système financier », a dit M. Weidmann au cours de la conférence de presse. Les pays du G7 veulent en commun éviter un arbitrage réglementaire, afin que les opérateurs sur « stablecoins » ne s’implantent pas là où les réglementations sont les plus laxistes. Le ministre fédéral des Finances, M. Scholz, a souligné qu’il s’agissait de tirer parti des opportunités du progrès technologique dans l’économie numérique, sans pour autant privatiser des fonctions centrales de l’État. Les monnaies doivent être l’affaire de gouvernements ayant une légitimité démocratique et de banques centrales.

Les tâches de la banque centrale doivent être prioritaires

Jens Weidmann et Olaf Scholz à la réunion du G7. De l’avis du président de la Bundesbank, des « stablecoins » qui connaîtraient un développement global pourraient affecter les tâches classiques d’une banque centrale : le bon fonctionnement des opérations de paiement, la stabilité financière ou le maintien d’une transmission effective de la politique monétaire. M. Weidmann a insisté sur le fait que « l’accomplissement des tâches légales d’une banque centrale doit avoir priorité sur les intérêts de politique d’affaires privés ». Il est certain que les « stablecoins » peuvent présenter un intérêt dans l’optique du consommateur, en particulier là où les monnaies ne sont pas stables et les systèmes de paiement peu développés. Toutefois le consommateur doit également voir que l’utilisation de « stablecoins » peut être liée à des risques de crédit, de liquidité et de change.

Élaborer des solutions paneuropéennes

De l’opinion de M. Weidmann, la discussion portant sur les « stablecoins » peut aussi générer de fortes stimulations, car elle fait ressortir la nécessité d’avoir des moyens de paiement transfrontaliers peu coûteux, pratiques et rapides. Aujourd’hui les paiements transfrontaliers sont souvent relativement lents et chers. « C’est la raison pour laquelle la discussion devrait être un appel à l’adresse des acteurs privés du marché à mettre à disposition des processus attractifs », a poursuivi M. Weidmann. Pour cela, l’environnement des opérations de paiement doit se moderniser et élaborer des solutions paneuropéennes. Dans ce contexte, l’Eurosystème offre avec son système de paiement en temps réel TIPS une bonne base pour y parvenir.