Gelände mit Containern im Winter ©Adobe Stock / sergeevspb

Malgré la crise énergétique, pas d’effondrement massif de l’économie

Selon les estimations de la Deutsche Bundesbank, l’économie allemande ne subira pas en hiver un effondrement massif malgré la crise énergétique. « La performance économique devrait certes reculer dans un premier temps, mais nous prévoyons cependant une reprise progressive dès le second semestre 2023 », a déclaré le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, à l’occasion de la présentation des projections actuelles. Pour l’année prochaine, les experts de la Bundesbank s’attendent à un recul du produit intérieur brut (PIB) de 0,5 pour cent en données corrigées des effets de calendrier, après une hausse prévue de 1,8 pour cent cette année. Selon leurs projections, l’économie allemande enregistrera dans les années 2024 et 2025 à nouveau une croissance de 1,7 pour cent et 1,4 pour cent, respectivement. « Par rapport aux projections de juin, le taux de variation du PIB pour l’année 2023 a été revu considérablement à la baisse », a expliqué M. Nagel. À l’époque, les experts de la Bundesbank avaient encore tablé sur une croissance du PIB de 2,4 pour cent (2024 : 1,8 pour cent). La révision serait due à la détérioration massive de l’approvisionnement en énergie en raison de la rupture totale des livraisons de gaz russe, à un ralentissement de la hausse de la demande extérieure et à une augmentation des coûts de financement.

L’économie devrait se contracter dans un premier temps

Le ralentissement économique aurait plusieurs motifs. Selon le Rapport, les ménages peuvent moins consommer en raison de l’inflation. Cela affecterait tant le commerce de détail que d’autres services de proximité tels que la restauration et l’hôtellerie. Les prestataires de services seraient en outre eux-mêmes affectés, tout comme d’autres secteurs, par les coûts élevés de l’énergie. Ainsi, les industries à forte intensité énergétique, telles que l’industrie chimique et du verre, souffriraient particulièrement des coûts élevés de l’énergie. Dans ces secteurs, cela aurait également une incidence sur les exportations. D’après les experts, la forte hausse des coûts du travail affaiblit encore davantage la compétitivité prix des exportateurs. De plus, les commandes de l’étranger afficheraient depuis un certain temps déjà une tendance à la baisse. Les investissements des entreprises et dans la construction résidentielle devraient tout d’abord sensiblement reculer. En raison de la forte incertitude concernant l’approvisionnement en énergie et son coût, des projets seraient reportés ou entièrement supprimés. L’augmentation des coûts de financement constituerait une charge supplémentaire.

Reprise de l'économie à partir du second semestre 2023

D’après les projections, l’économie allemande devrait toutefois se rétablir progressivement à partir du second semestre 2023. L’incertitude diminuerait alors, le taux d'inflation baisserait et les salaires enregistreraient une forte hausse, écrivent les experts. Cette hausse serait également due au fait que le marché du travail demeurerait robuste : « La forte demande de travail par rapport à l’offre de travail laisse prévoir que le marché du travail résistera largement aux vents contraires conjoncturels au cours des prochains trimestres », estiment les experts. Cela signifie donc que de nombreuses entreprises continuent à rechercher de la main d’œuvre malgré la faiblesse de l’économie. Les personnes au chômage auraient ainsi de très bonnes perspectives de retrouver un emploi. Les consommateurs disposeraient donc, également en termes réels, de davantage d’argent qu’ils pourraient dépenser pour l’achat de biens et de services. Les exportations allemandes devraient elles aussi à nouveau augmenter leur rythme à partir du printemps 2023, une fois que les contraintes dues aux prix de l’énergie et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement auraient progressivement diminué et que la demande en biens produits en Allemagne aurait à nouveau nettement augmenté. Les investissements devraient alors également progresser. « Des effets de rattrapage pourraient donner une impulsion notamment aux investissements dans les véhicules dès lors que les goulets d’étranglement au niveau des livraisons auront été résorbés », écrivent les experts.

Selon eux, les capacités productives de l’ensemble de l’économie ne retrouveront leur taux d’utilisation normal qu’en 2025. Le fait que jusque-là la performance économique demeurera inférieure à son potentiel de production à moyen terme ne serait toutefois pas dû à une demande insuffisante. Cela serait plutôt imputable aux perturbations au niveau de l’offre, surtout en ce qui concerne l’approvisionnement en énergie. Ces perturbations devraient cependant être considérées en partie comme étant passagères. Toutefois, les experts ne s’attendent pas à ce que les coûts de l’énergie retombent à long terme à leur niveau d’avant la crise actuelle.

Recul progressif du taux d’inflation

Selon le Rapport, la crise énergétique renforce également l’inflation en Allemagne. Le taux d’inflation mesuré par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) est évalué à 8,6 pour cent pour l’année en cours. Pour l’année prochaine serait prévu un recul à 7,2 pour cent. Le taux de renchérissement continuerait ensuite à baisser – à 4,1 pour cent en 2024 et finalement à 2,8 pour cent en 2025. Dans leurs projections de juin, les experts avaient encore tablé pour 2023 sur un taux de 4,5 pour cent (2024 : 2,6 pour cent). Ils ont donc à nouveau sensiblement revu à la hausse leurs prévisions pour l’ensemble des années. Le taux de l’IPCH hors énergie et produits alimentaires augmenterait tout d’abord encore faiblement à 4,3 pour cent au cours de la prochaine année, avant de reculer jusqu’à 2,6 pour cent en 2025.

Après le début de l’année 2023, le taux d'inflation pourrait toutefois franchir son pic et nettement diminuer par la suite. Selon le Rapport, le plafonnement des prix atténuera alors sensiblement la hausse des coûts de l’électricité et du gaz. Les experts s’attendent également à une baisse du prix du pétrole. Par ailleurs, à partir de mars 2023, la forte hausse des prix de l’énergie suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’aura plus d’incidence sur le taux annuel d’inflation. Dans les années 2024 et 2025, l’amélioration progressive devrait se poursuivre. La hausse des prix demeurerait cependant élevée. Certes, le renchérissement de l’énergie devrait notablement reculer en raison de la baisse des prix des matières premières énergétiques. Il resterait toutefois sensible – entre autres, parce qu’après l’expiration du plafonnement des prix de l’électricité et du gaz, d’importants effets boomerang devraient intervenir. Cela signifierait que les prix pour les consommateurs devraient à nouveau augmenter parce que les ménages et les entreprises ne seraient plus soutenus par ces mesures gouvernementales. Par ailleurs, des fortes hausses des salaires entraîneraient une augmentation des prix. « Cela est une raison importante pourquoi le renchérissement hors énergie se situera en 2024 et 2025 nettement au-dessus de la moyenne à plus long terme », écrivent les experts.

Des projections soumises à une forte incertitude

Les projections de la Bundesbank sont toujours soumises à une incertitude exceptionnellement élevée. Pour la Bundesbank, la poursuite de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique, les conséquences des mesures de soutien gouvernementales et les effets de l’inflation élevée comptent parmi les plus grandes incertitudes. Les risques pesant sur la croissance économique seraient essentiellement orientés à la baisse, surtout en raison d’éventuelles pénuries d’énergie. En ce qui concerne l’inflation, les risques à la hausse seraient dominants.